On a tendance à penser que plus ça colle, mieux c’est. Et pourtant Les colles les plus fortes ne sont pas toujours les meilleures. Il existe même des adhésifs qui ont été conçus exprès pour se décoller facilement. L’exemple typique est celui des colles anaérobies. Leur résistance est calculée pour répondre aux différents besoins de démontage. Une colle de faible résistance permettra de fixer temporairement un raccord fileté et de le démonter sans effort et sans abîmer les pièces qui le composent. Si on veut que l’assemblage résiste le mieux possible aux chocs, aux agressions chimiques et à la chaleur, on se servira plutôt d’adhésifs structuraux. Ces adhésifs-là collent d’ailleurs tellement bien, qu’il est pratiquement impossible, après collage, de séparer les pièces sans les endommager.
Il est donc très important de savoir à l’avance, si une fixation sera temporaire ou permanente. Si soudain on doit démonter un assemblage sans rien abîmer et que ce n’était pas prévu, c’est un vrai casse-tête ! Il n’y a malheureusement pas de solution simple à ce problème, car les données à prendre en compte sont nombreuses :
Besoin de décoller ? Il y a plus d’une façon de le faire !
Le décollage va donc dépendre en grande partie du type de colle utilisée et de sa composition chimique. Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer, et les solutions, qui peuvent nous aider à les surmonter ?
Colles anaérobies frein filet:
On peut choisir des colles anaérobies, qui sont plus ou moins résistantes aux contraintes, suivant l’objectif désiré : fixation temporaire ou fixation permanente. Certaines permettent de démonter facilement l’assemblage, d’autres rendent le démontage quasi impossible. Il faut aussi savoir que, même si une colle anaérobie utilisée est peu résistante, le décollage sera quand même difficile, si la surface à décoller est très importante, par exemple si le boulon est très long ou très large.
Colles anaérobies pour étanchéité de plans ou de raccords : pour ce type d’assemblage, on peut insérer un tournevis plat entre les deux 2 pièces et frapper avec un marteau pour les séparer. Les colles anaérobies ne résistent généralement pas bien au pelage et au clivage, cela devrait donc suffire.
Colles anaérobies pour étanchéité des raccords de tuyaux : ce sont généralement des colles peu résistantes, et, avec une clé à molette de la bonne taille, on peut facilement démonter l’assemblage en forçant un peu. Toutefois, plus la surface collée est grande, plus il est difficile de desserrer l’écrou.
Colles anaérobies pour fixation : ces colles sont typiquement utilisées pour la fixation permanente de scelle roulements, d’emmanchements, de bagues ou de pièces cylindriques dans leur logement ou sur leur arbre. Elles sont très résistantes aux chocs et aux vibrations et par conséquent il est quasiment impossible de démonter l’assemblage sans avoir recours à la chaleur ou à des produits chimiques. Heureusement les pièces concernées sont généralement en métal et peuvent résister à ce genre de traitement plus agressif. Si on chauffe le joint avec un chalumeau, ou si on le met dans un four, l’adhésif s’amollit. Quand les pièces sont très chaudes, il faut tirer dessus, pour les détacher le plus vite possible. N’oubliez pas de mettre des gants de protection thermique pour ne pas vous brûler. Notez aussi que la colle va durcir au fur et à mesure qu’elle refroidit et que les pièces risquent de se recoller. Une fois les pièces détachées, nettoyez-les avant de vous en resservir. Pour retirer la vieille colle séchée, qui ressemble souvent à une poudre blanche, on peut frotter avec une brosse métallique ou de la laine d’acier. Il suffit ensuite d’essuyer les pièces avec un chiffon imbibé d’acétone ou de chlorure de méthylène. Si on n’arrive pas à démonter l’assemblage à la chaleur, on peut aussi tremper les pièces dans du solvant pendant dix à douze heures avant de les repasser au chalumeau. Toutefois faite très attention qu’il ne reste aucune trace de solvant sur le joint, avant de les chauffer. Les solvants sont volatils et inflammables. Après utilisation, stockez-les bien à l’abri dans une armoire anti-feu.
Détacher des pièces, qui ont été collées au cyanoacrylate, est ce qu’il y a de plus difficile. On se sert généralement de ce type de colle sur du plastique ou du caoutchouc, qui sont des matériaux qui ne supportent pas bien ni la chaleur ni les solvants. Heureusement le cyanoacrylate est une colle plutôt friable et on arrive parfois à séparer les pièces en les « pelant ». Si les matériaux ne sont pas trop fragiles, on peut essayer de chauffer les pièces à 80°C et puis de tirer dessus pour les séparer. C’est à cette température, que la plupart des cyanoacrylates perdent leur résistance. Si l’assemblage est en métal, on peut aller à des températures supérieures ou même tremper les pièces dans de l’acétone ou du chlorure de méthylène.
Si vous vous retrouvez avec de la colle cyanoacrylate sur la peau, la première chose à faire est de plonger vos mains dans un mélange d’eau chaude savonneuse et de les laisser tremper pendant quelques minutes. Si vous vous collez les doigts, vous pouvez les séparer en tournant doucement un crayon entre les doigts et en créant petit à petit une ouverture. Quoi qu’il arrive, évitez de vous servir de solvant sur la peau, car cela risque de l’assécher et de l’irriter. L’eau chaude savonneuse est aussi une bonne méthode pour détacher des pièces collées. Trempez-les jusqu’à ce que le joint commence à se desserrer. Plus l’eau est chaude et plus vite ça se décolle!
Ce sont des colles à forte résistance et qui ont une très bonne performance mécanique, ce qui rend le décollage plutôt compliqué. Comme la plupart du temps elles résistent au pelage, on ne peut pas les « peler » ou les séparer, de la même façon que les cyanoacrylates. La meilleure solution est de vérifier à quelle température elles se détèriorent et de les chauffer ou « cuire » au-delà de cette température. La majorité des époxies bi-composantes, acryliques et polyuréthanes se dégradent complétement à 200°C. Les époxies mono-composantes se dégradent généralement à des températures plus élévées. On peut aussi essayer d’enlever la colle séchée avec du chlorure de méthylène, mais le solvant risque de ronger les rebords de l’assemblage sans pour cela ramollir ou dissoudre la colle, surtout quand il s’agit d’un joint de grande taille.
On se sert généralement de colles UV pour le verre, donc il n’est pas question de frapper le joint à coups de marteau ou de le forcer avec un tournevis ou un pied-de-biche. S’il s’agit d’un collage de verre sur métal, les dilatations et contractions thermiques des substrats sont différentes, il n’est donc pas possible de chauffer les pièces sans risquer de briser le verre. Par contre il est possible de les tremper dans du solvant jusqu’à ce que la colle perde de son adhérence.
S’il s’agit d’un collage de verre sur verre, on peut chauffer l’assemblage à des températures supérieures à 200°C et jusqu’ à ce que l’adhésif se dégrade.
S’il s’agit de matières plastiques, type polycarbonate ou acrylique, il faut éviter les solvants qui risquent de les abîmer. Malheureusement, même si vous arrivez à séparer des pièces en plastique, il vous sera difficile de nettoyer le restant de colle. Une autre solution est de vérifier le coefficient d’absorption d’eau avec le fabricant de colle. Il est possible que l’adhésif soit suffisamment absorbant, pour se ramollir dans de l’eau bouillante et pour permettre aux pièces de se détacher. Faite attention car, dès qu’il commence à sécher, l’adhésif durcit à nouveau et les pièces se recollent.
Recherches en cours pour de nouvelles technologies de décollage !
Le marché des adhésifs s’est vite rendu compte qu’il ne suffisait pas de coller, il fallait aussi prévoir de décoller. Des technologies innovantes sont désormais en cours de développement :
Espérons qu’à l’avenir nos voitures ne tomberont pas en mille morceaux, dès qu’on affichera un auto-collant magnétique sur le pare-brise…
Bien sûr, toutes ces idées ne sont pas encore des options réelles et, malheureusement, il n’y a pas encore de solution miracle. Avant de choisir une colle, prévoyez donc si vous avez besoin de décoller plus tard. Analysez les trois méthodes à votre disposition : dissoudre la colle, la chauffer, forcer le joint ou peut-être même un mélange des trois. Et surtout vérifiez bien, qu’il vous sera possible de détacher les pièces sans abîmer le produit fini?
Si vous voulez en savoir plus, ou si avez besoin de conseils techniques, n’hésitez pas à contacter Permabond.